Fear or not?

La journée avait été difficile, elle avait souffert d’insomnie à cause d’un cauchemar. Elle n’en avait plus depuis longtemps, mais il lui arrivait parfois de revivre ses vieux cauchemars. Bien entendu, il revenait tous à son père et au monde de vie qu’il lui avait infligé. Elle s’était assise devant son ordinateur et avait fait quelques recherches, elle tentait de localiser son père qui avait été relâché quelques années plus tôt, elle voulait surtout s’assurer qu’il ne ferait plus de victime. Elle avait 8 ans après tout lorsqu’il avait commencé à abuser d’elle et puis, il avait arrêté lorsqu’elle était devenue trop grande… ça expliquait un peu son comportement et elle ne voulait pas que d’autre fillette subisse le même sort qu’elle. Comme à chaque fois, elle ne trouva rien. Elle supposait que son père avait changé de nom, elle avait essayé avec le nom de famille de sa grand-mère paternelle, mais elle n’avait rien trouvé. Elle ferma l’ordinateur et alla à la cuisine se faire un café bien fort. Il était maintenant près de midi, elle n’avait pas dormit longtemps. Elle était réveillée depuis neuf heures alors qu’elle s’était couchée à cinq heures. Elle se fit un sandwich rapide qu’elle avala rapidement avant d’aller à la douche. Elle alla faire ses courses car son frigo était vide et ses placards aussi. Avec ses pourboires de la veille elle put remplir le tout. Elle revient chez elle vers trois heures, rangea ses effets et alla faire une petite sieste de deux heures. Lorsqu’elle se leva, elle mangea légèrement, se lava, se maquilla et s’habilla d’un haut noir assez décolleté, d’une jupe courte bourgogne et elle enfila ses longues bottes à talon haut noire aussi par-dessus ses bas résille noir. Elle laissa ses longs cheveux lui retomber sur les épaules en cascades ondulé. Elle se sentait belle ainsi, elle se devait d’être belle… sinon elle n’aurait pas beaucoup de pourboire. Elle enfila une veste avant de quitter son appartement. Elle courut jusqu’au métro arrivant juste pour le train qui la mènerait à l’heure pour son quart.

Une fois rendue au travail, elle s’activa. Sa fatigue s’envola comme par magie. Elle aimait le bruit de la foule, les clients qui l’appelaient en essayant de couvrir les autres bruits, elle aimait ne pas avoir le temps de réfléchir. Toujours un client à servir, une table à laver, le bar à remplir, une tâche n’attendait pas l’autre et elle avait l’esprit libre de toutes pensées négatives. C’était un peu pour cette raison qu’elle avait abandonné le métier de pompiers. Là-bas, elle avait trop de temps pour elle, trop de temps pour remuer le passé et s’obscurcir la tête de ses cauchemars et ses mauvais souvenirs, elle préférait le bruit et le mouvement. La soirée se passa très bien, elle aimait son boulot, elle aimait la vie qu’elle s’était faite maintenant. Elle s’amusa avec ses collègues, discuta avec son patron du conte rendu de la soirée. Elle était calme, souriante et jouait même les charmeuses avec quelques clients. Elle ne poussait jamais très loin. Il était rare qu’elle ait des aventures avec les clients. S’était déjà arrivé, mais elle préférait que le mec qu’elle choisissait ne soit pas un client. Mêler travail et vie privée était souvent une très mauvaise idée. Elle quitta le travail vers trois heures trente du matin. Elle allait prendre le métro qui n’était pas trop loin heureusement. Elle aurait pu prendre un taxi, mais elle détestait se retrouver seule dans la voiture d’un étranger. Dans le métro au moins, il y avait des gens, des agents de sécurité. Elle se sentait plus à l’aise d’utiliser la rame de métro que les services d’un taxi. Arrivé près de la rame, elle dû attendre, elle avait manqué le dernier train. Elle devrait donc attendre le prochain, c’est-à-dire dans trente minutes. Elle n’aimait pas attendre, mais elle n’avait pas le choix, c’était ça ou prendre un taxi et elle préférait de loin attendre.

Elle eut un sentiment de malaise soudainement. Elle ne savait pas pourquoi, pourtant elle était seule, du moins elle le croyait. Elle serra ses bras autour d’elle pour se réchauffer et après avoir fait se geste, elle enfonça ses mains dans ses poches. Elle y avait de cacher une bombe aux poivres, elle n’avait eu à s’en servir qu’une seule fois et elle espérait ne pas avoir à s’en servir. Elle détestait les gens qui se croyaient tout permit et qui prenait ce que les autres avaient durement gagné. Elle ne se laissait pas dévaliser sans rien faire. Certains prenaient aussi son habillement pour un signal de bienvenue, mais non, elle était loin d’être une prostituée. Elle ne dénigrait pas ceux qui le faisaient, tout le monde avait le droit de manger et faire ce qu’il fallait pour y arriver. Mais elle-même ne se voyait pas comme telle, elle s’habillait de façon sexy pour les clients du Night Club, pas pour faire les rues à la recherche d’homme en manque de sexe. Le malaise ne la quittait pas, tous ses sens étaient en alerte, mais elle ne cherchait pas autour d’elle, elle ne voulait pas que l’on puisse voir qu’elle avait ressentit un malaise. Elle ne voulait pas laisser voir qu’un stress l’avait envahit. Elle gardait la tête froide, elle était forte physiquement, mais elle ne faisait pas le poids contre une arme à feu et elle le savait. Elle resta là sans broncher, feignant de simplement attendre son tour sans le moindre doute que quelqu’un la surveillait alors qu’elle en était tout à fait consciente.

- Pourquoi est-ce que je n’ai pas appelé James ou Matt? grommela Sarah tout en accélérant le pas afin d’atteindre plus rapidement la bouche de métro la plus proche.

C’était la faute de cette satanée commande aussi! Si son client n’avait pas décidé de changer carrément toute la création et si ce n’était pas pour l’offrir à son épouse pour leur anniversaire de mariage – quelques jours plus tard – Sarah serait déjà chez elle, sûrement dans son lit entrain de dormir. Mais non! Il avait fallu qu’elle redessine complètement le collier, qu’elle refasse le tri parmi ses pierres afin de trouver l’ensemble parfait… et comme à chaque fois, la joaillière n’avait pas vu le temps passer et résultat des courses, elle se trouvait sur le chemin du retour à la maison… à pied au petit matin! Tout ça parce qu’elle ne voulait pas s’offrir une voiture. Bon, d’accord la question ne se posait même pas, elle détestait conduire et trouver un stationnement en ville, c’était un véritable parcours du combattant, mais honnêtement, ce soir-là, Sarah aurait bien aimé avoir une voiture. Un moyen de transport autre que ses pauvres pieds qui devaient la conduire au métro. Et elle n’aimait pas le fait de se balader en plein cœur de la nuit, seule.

C’est à ce moment-là que la jeune femme entendit des bruits de pas derrière elle. Pas très loin. Pas très rassurée, Sarah accéléra le pas encore une fois, se traitant de tous les noms pour ne pas avoir osé téléphoner un de ses frères au beau milieu de la nuit pour qu’il vienne et la raccompagne chez elle. Sarah aurait même pu passer un coup de fil à sa jumelle qui se serait fait un plaisir d’envoyer son petit mari à la rescousse… mais non, Sarah n’avait rien fait de tout ça, histoire de ne déranger personne, de n’être un poids pour aucun des membres de sa famille. Néanmoins, ça n’empêchait pas que depuis quelques jours, la jeune femme avait souvent l’impression qu’on était entrain de lui filer le train. Durant la journée – même si ça ne la rassurait pas pour autant – c’était moins pire, elle se sentait moins seule à cause du lot de personnes dans les rues… mais aux petites heures du matin, c’était une toute autre histoire.

Elle aurait pu aller à la police, mais sans preuve qu’elle était suivie, la démarche n’aurait sans doute mené à rien. En parler à ses frères? Ils lui diraient probablement qu’elle et son imagination débordante étaient sans doute entrain de se faire des films. Mais comment expliquer la voiture noire qu’elle voyait garée au coin de sa rue tous les soirs et qui disparaissait sur des chapeaux de roue dès qu’elle écartait légèrement le rideau? Sarah n’était pas paranoïaque, ce n’était pas la première fois qu’elle voyait cette satanée voiture. Elle était allée faire quelques courses la veille et quand elle s’était arrêtée à un kiosque pour acheter quelques magazines, elle l’avait vue stationnée quelques mètres plus loin. Non, elle n’était pas folle, elle ne se faisait pas d’idées, on la suivait bel et bien… mais pourquoi? Qu’avait-t-elle bien pu faire pour qu’on décide de la suivre ainsi? Qu’on essaie de lui faire peur de la sorte?

Parce que non, Sarah n’allait pas se mettre la tête dans le sable. Elle avait peur. Elle avait la trouille. Ce n’était pas dans ses habitudes de s’inquiéter pour des bêtises, mais depuis quelques jours, elle avait des raisons de se montrer inquiète. Ç’avait commencé par le téléphone qui sonne et personne au bout du fil. Sur le coup, elle avait mis ça sur le compte de gamins qui ne savaient pas quoi faire pour se montrer intéressants. Après, ç’avait été la voiture et maintenant, quelqu’un la suivait dans le noir. Et comme de fait, c’était la nuit où elle avait décidé de changer de sac à main… et bêtement oublié son spray de poivre de cayenne. Quand ça allait bien, il n’y avait pas à dire, ça allait bien!

Lorsque la jeune femme vit l’entrée de la bouche de métro, elle accéléra encore la cadence. A ce rythme-là, elle allait finir par se mettre à courir… avec ses beaux escarpins tous neufs! Elle descendit rapidement l’escalier et retint de justesse le soupir de soulagement qui menaçait de franchir ses lèvres. Une jeune femme – qu’elle avait l’impression d’avoir déjà vue quelque part sans se rappeler où – était présente. Sarah jeta un rapide coup d’œil à sa montre et constata qu’elle n’avait strictement aucune idée du temps qu’elle aurait à attendre avant que le métro ne se pointe. Elle espérait juste que la personne qui s’amusait à la suivre n’aurait pas l’idée de venir la traquer jusque là.

- Pardon… vous savez peut-être à quelle heure passera le métro? s’enquit Sarah en s’approchant lentement de la jeune femme.

Finalement, peut-être qu’elle irait faire un petit tour au garage et acheter une voiture. Peut-être…

La jeune femme était soulagée de voir que la personne derrière elle était une autre femme. D’accord, une femme pouvait s’avérer aussi dangereuse qu’un homme. Surtout si elle était armée, mais elle était presque sur que celle-ci n’avait rien de mauvais, elle n’était pas là pour l’agresser, elle pouvait le sentir juste au tremblement de sa voix. Elle n’était pas plus rassurer qu’elle de se trouver à cet endroit à cette heure de la nuit. Habituellement, Evy prenait soin de ne pas dépasser le délai et s’arrangeait pour ne manquer le métro. Elle avait légèrement tardé ce soir et elle en payait la conséquence. Elle regardait la jeune femme, son visage ne lui était pas inconnue, elle réfléchit quelques instants, elle savait qu’elle l’avait déjà vu. Puis, elle s’en souvient. C’était la cousine de Raffael, celle qui avait la bijouterie. Elle était déjà passée au club et Raff là lui avait présenté. C’était une Hawthorne elle aussi, elle s’en souvenait car elle avait fait le lien direct avec James, celui qui « courtisait » son amie Kayla. Elle fit un sourire à la jeune femme, celle-ci devait avoir travaillé tard sur un projet car elle n’était pas habillée pour aller en boîte et on voyait qu’elle était rarement dehors à cette heure de la nuit. Une joaillière pouvait s’avérer intéressante pour des gens sans scrupules, elle avait des pierres et des matériaux qui valaient cher dans sa boutique. Evy regarda sa montre, elle n’était là que depuis cinq petites minutes.

-Désolée de vous le dire, mais il y en a pour au moins vingt-cinq minutes encore. Je déteste manquer la rame et devoir attendre à cette heure. Habituellement, je m’organise pour ne pas le manquer.

Elle sourit à la jeune femme et haussa les épaules. Elle avait mal calculé son temps, elle avait voulut aider Raffael et au final c’est elle qui en payait le prix. Elle ne regrettait pas son choix bien entendu, mais elle aurait préféré ne pas manquer le métro. Au moins, elle n’était plus seule pour attendre, c’était déjà ça. Elle ne savait pas si la jeune femme serait enclin à la discussion, mais tant pis, au moins elle était là et juste ça c’était rassurant. Mais Evy avait toujours l’impression d’un danger, ou du moins de se sentir épier. Peut-être était-ce simplement son imagination, ou bien n’était-ce pas elle qui était épié, mais la jeune femme. Après tout, qu’est-ce qu’une serveuse pouvait avoir d’intéressant à comparer à une joaillière? Elle détestait avoir ce sentiment de paranoïa. La fatigue des derniers jours, le stress qu’elle vivait et leur tardive qui l’était pouvait contribuer à ce sentiment d’être espionné. Elle décida de chasser cette crainte et se rapprocha de la jeune femme. Elle lui tendit la main.

-Evy, je travaille au Fairy Club avec Raffael. Il nous a présentées rapidement lorsque vous êtes passé la dernière fois. Je dois avouer que je suis rassurée d’avoir à attendre avec quelqu’un au visage familier. Cet endroit donne froid dans le dos à cette heure de la nuit.

Valait bien mettre les choses au clair, elle savait qui elle était, c’était mieux que de faire semblant de ne pas la connaître. Aussi, il était vrai qu’elle se sentait rassuré de savoir qui était la jeune femme et qu’elle attendait le même métro. Elle ne savait plus trop quoi dire, mais au moins elle s’était présentée. Maintenant restait à voir si la jeune femme serait d’humeur bavarde ou non. Evy n’avait jamais vraiment eu la langue dans sa poche, bon d’accord, sauf lorsqu’il était temps de garder le secret de son père, ça elle avait su la tenir cette langue, trop longtemps d’ailleurs. Aujourd’hui, elle en payait le prix par ses cauchemars, ses inquiétudes. Elle avait tellement peur qu’il ne recommence avec une autre petite fille quelque part, elle voulait à tout prix évité qu’il ne puisse faire subir ce genre de chose à une autre enfant innocente.

Vingt-cinq minutes à attendre? Décidément, elle n'avait pas choisit son moment pour trainer la nuit. Finalement, peut-être devrait-elle passer un coup de fil à James? S'il était seul, il ne lui en voudrait pas, mais s'il était en compagnie de Kayla? Il viendrait quand même la chercher pour lui éviter le métro de nuit, mais... Sarah s'en voudrait vraiment si à cause d'elle son frère devait laisser Kayla en plan. C'était ce qui la faisait hésiter, mais le souvenir des pas qu'elle entendait derrière elle et de la voiture qu'elle voyait toujours pas très loin de là où elle se trouvait finit par la convaincre. Il était plus de 3 heures du matin, il fallait attendre encore 25 minutes après le damné métro et après, on ne parlait même pas du trajet entre la bouche de métro et son appartement.

Pendant que Sarah en était à réfléchir quant à savoir si elle devait appeller James ou non, la jeune femme s'approcha d'elle et se présenta en lui tendant la main. Bien sûr! Evy! L'employée de Raffael, celle pour qui il n'avait que de bons mots! En souriant, Sarah lui serra la main.

- Sarah, je suis la cousine de Raff. Mais je comprends maintenant pourquoi votre visage ne m'était pas inconnu.

Si elle devait attendre l'arrivée du métro à cette heure-là et aussi longtemps, Sarah préférait que ça soit en compagnie de quelqu'un qu'elle connaissait un tantinet. De nos jours, il est difficile de savoir en qui on peut avoir confiance.

- Mais c'est vrai que ce n'est pas très rassurant. Je n'ai pas l'habitude d'être dehors à cette heure. expliqua la jeune femme en haussant les épaules.

Sarah n'avait toujours pas pris de décision. Appellait-elle son frère à la rescousse ou elle ne le faisait pas? Mais finalement, elle avait un peu la trouille. On la suivait, c'était flagrant et honnêtement, Sarah n'était pas trop enchantée de rentrer toute seule. Il n'en fallut pas davantage pour que la jeune femme plonge sa main dans son sac et n'en ressorte son téléphone et appuie sur la touche pour joindre James. Elle s'excusa de le déranger aux petites heures du matin et lui expliqua brièvement la situation - sans lui dire qu'elle s'était sentie suivie - et s'il pouvait venir la chercher pour la raccompagner jusque chez elle. La jeune femme le remercia, soulagée finalement de ne pas avoir à traverser la ville aux petites heures du matin.

- Avec de la chance, mon frère arrivera rapidement. Le connaissant, il vous offrira sans doute de vous conduire chez vous. Vous le connaissez peut-être d'ailleurs, James va de temps à autres au Fairy.

Si James n'offrait pas à Evy de la raccompagner jusque chez elle, Sarah lui botterait le derrière... mais franchement, elle ne s'en faisait pas trop pour ça, elle savait bien qu'il le ferait. La question était davantage de savoir si la jeune femme accepterait la proposition. Sarah l'espérait sincèrement, elle n'aimerait pas entendre dire plus tard qu'Evy avait eu des pépins sur le chemin du retour cette nuit-là...

La jeune femme se présenta, elle s’appelait Sarah. Elle s’en souvient maintenant, elle avait trouvé que le nom lui allait bien. Elle ne l’aurait jamais associé à personnage de livre ou d’une légende historique, c’aurait été trop déprimant. Sa mère avait fait ça, c’est pour cette raison qu’elle se retrouvait affluée d’Evangelyne Jane comme prénoms. Elle détestait son prénom depuis qu’elle était en âge de le comprendre. Elle préfère et de loin que les gens l’appelle Evy, en fait, si elle est dans une mauvaise journée, vous pouvez vous prendre une poignée de bêtises si vous avez le malheur d’utiliser son nom complet. Sa mère l’a baptisé de deux surnoms ridicules avant de l’abandonner avec son père et ne plus jamais lui donner signe de vie, il y avait matière à ne pas aimer ses prénoms selon elle. Mais trêve de comparaison inutile, elle se concentra à nouveau sur la jeune femme et ce qu’elle disait.

La barmaid pouvait bien croire que Sarah n’aimait pas l’ambiance de l’endroit et qu’elle n’avait pas l’habitude d’être là la nuit. Elle lui fit un sourire qui se voulait rassurant mais la jeune femme semblait anxieuse elle aussi. Sarah prit son cellulaire, Evy se détourna poliment le temps qu’elle passe son appel. Bien sur, elles étaient seules et tout de même assez près l’une de l’autre, donc elle pu comprendre qu’elle demandait à James de venir la chercher. L’évocation de James Hawthorne lui fit clignoter une lumière d’alerte dans sa tête. Elle se sentait observer depuis qu’elle avait quitté le club, son père était en liberté et il avait changé de figure. Il pouvait être tout prêt sans même qu’elle ne le sache.

Lorsque Sarah raccrocha, elle lui fit savoir que James débarquait pour venir la chercher. Elle n’avait aucun doute que James le faisait avec plaisir et qu’il remonterait surement les bretelles de sa sœur pour ne pas l’avoir appelé avant. Elle pouvait mettre sa main au feu que c’était son genre de faire ça. La jeune femme lui demandait si elle connaissait James, précisant qu’il allait au Fairy de temps à autre. Elle hocha la tête à l’affirmative.

-Oui, je connais James. Nous nous sommes croisés à quelques reprises et dernièrement encore au Chinatown, nous avons discuté un moment. Il est très gentil.

Sarah enchaîna en disant que son frère lui proposerait surement de l’emmener elle aussi. Elle se sentait mal de se retrouver dans cette situation mais à vrai dire, elle espérait sincèrement que, soient ils resteraient avec elle le temps que la rame arrive ou que James soit gentil et la ramène elle aussi. Elle se doutait que ce serait un détour pour lui. Elle eut un sourire pour Sarah.

-Je ne voudrais pas lui faire perdre son temps. C’est tout de même tout un détour, je ne veux pas le déranger. Il reste seulement une vingtaine de minutes avant la prochaine rame.

Elle tentait de se rassurer plus elle-même que Sarah. Elle était terrifiée de rester seule après la pensée qu’elle venait d’avoir à propos de son père. Elle resserra sa veste autour d’elle, il faisait un froid de canard, ou bien l’angoisse la glaçait jusqu’au os.

- Ça lui fera plaisir au contraire. répondit Sarah quant à la crainte d'Evangelyne de le déranger ou de lui faire faire un détour. Mon frère est du genre "preux chevalier", mais sans tout l'attirail qui va avec. Il va préférer faire un gros détour si c'est nécessaire plutôt que de te laisser te balader comme ça au beau milieu de la nuit. Ça va même le tranquilliser de ne pas te savoir dehors, tel que je le connais. ajouta la jeune femme en haussant les épaules.

Elle pouvait comprendre qu'Evangelyne ne souhaite pas déranger James, elle était sensiblement du même avis qu'elle. N'eut été de son impression d'être suivie depuis quelques temps, elle ne l'aurait pas appelé. Sarah comprenait donc parfaitement la jeune femme qui lui tenait compagnie et ne pouvait pas lui en tenir rigueur.

Sarah commençait à avoir hâte de voir son frère débarquer. Décidément, elle et les balades de nuit, c'était pas compatible. Au ton qu'avait pris James pour lui dire qu'il venait la chercher, elle savait qu'elle se ferait passer un savon. C'était couru d'avance! Elle l'avait su dès qu'elle avait envisagé de l'appeler à la rescousse. Ils étaient du genre très protecteurs dans sa famille. Si parfois ç'avait du bon et des avantages, à d'autres occasions, c'était mortifiant. S'il fallait qu'elle se fasse faire la leçon par son grand frère, Sarah espérait qu'il ne le ferait pas devant Evangelyne. Elle n'aimait pas se donner en spectacle, elle avait toujours été ainsi. Par exemple, elle avait été mortifiée d'apprendre que James était allé mettre son poing dans la figure de Liam au moment de leur rupture. Sarah n'avait jamais réussi à lui faire dire pourquoi il avait fait ça et elle lui en avait longtemps voulut. Cette rupture, cette décision, Liam et elle l'avaient prise ensembles. Ça ne voulait pas dire qu'elle n'en souffrait pas, mais ce n'était pas comme si Liam était l'unique responsable. Alors pourquoi être allé lui régler son compte? Sarah avait eu envie de faire subir la même chose à James, mais comme elle savait qu'elle n'aurait jamais eu le dessus, elle avait renoncé. Ça ne l'avait cependant pas empêchée de lui faire la tête pendant des jours. D'ailleurs, si Sarah se souvenait bien, même au moment de monter à bord de l'avion qui devait la conduire en Italie, elle lui en voulait encore!

Si son frère était avec Kayla au moment où Sarah l'avait appelé, cette fois-ci, ça serait au tour de James de lui en vouloir et de lui faire la tête. D'ailleurs, elle s'en voudrait également. James aimait tellement cette femme qu'il faisait tout ce qu'il pouvait pour entrer dans ses bonnes grâces. Sans jamais la harceler. Sarah lui levait son chapeau. A sa place, elle aurait renoncé depuis longtemps. Voilà des mois qu'il essayait de convaincre sa belle et sa détermination ne faiblissait jamais. Sarah lui souhaitait donc de gagner le coeur de sa belle. Et si jamais ils se mariaient un jour, James n'avait pas intérêt à aller dans une autre bijouterie que celle de Sarah, parce qu'elle le tuerait de ses propres mains. Créer sur commandes pour des étrangers était toujours amusant, mais créer pour les membres de sa famille c'était un tout autre univers. Elle savait qu'elle pouvait laisser libre cours à son imagination. Enfin! Avant de marier Kayla et James, il faudrait qu'elle accepte de sortir avec lui un jour! A moins que ça ne soit déjà fait?

- J'espère seulement qu'il n'était pas avec sa belle, parce que je m'en voudrais éternellement de les avoir dérangés. murmura Sarah en jetant un coup d'oeil à sa montre, se demandant dans combien de temps encore son frère se pointerait.

-Déjà ma sœur qui me dit qu’elle est dans une station de métro à cette heure c’était assez de mauvaise humeur, maintenant je trouve en plus Evy dans la même station à l’heure aussi tardive. Seigneur, tenez-vous vraiment à vous faire sauter dessus par le premier malade venu?

-La prochaine fois que tu me fais un coup pareil, je t’avertis que je pourrais bien t’étriper moi-même pour t’en passer l’envie. Tu m’entends? Tu ne fais plus jamais ça, tu m’appelles.

-J’ai prit la peine de t’aviser. Tu n’as pas les moyens de te payer une voiture d’accord, viens me voir on trouvera un arrangement mais ne t’avise plus jamais de venir prendre cette rame la nuit. Tu ne sais pas où il est, tu ne sais pas ce qu’il veut faire, alors arrête de faire comme si tu n’avais pas peur. C’est un monstre, il n’hésitera pas tu le sais aussi bien que moi.

-Allez mesdames, en voiture. Et pas de discussion.

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